Sortie de résidence

De l’autrice Laetitia Ajanohun avec la musicienne Elodie Robine au violon alto

Vendredi 26 avril
À la Villa Valmont
à 19 h

Entrée libre et gratuite

Dans le cadre de sa résidence à la Villa Valmont, Laetitia Ajanohun, autrice de théâtre, a travaillé à l’écriture de son premier roman ZANWONNANKOU La Nuit a oublié de tomber, est une fiction où l’une de celle que l’autrice aurait pu rencontrer parle de celle qu’elle aurait pu être.

Découvrez des extraits du roman en cours d’écriture par une lecture publique de l’autrice qui sera pour l’occasion accompagnée de la musicienne Elodie Robine au violon alto.

« Elle est arrivée avec ce qu’on peut appeler sans abuser, un sourire kilométrique, gencive supérieure dehors et une allée pour le bonheur en plein milieu des incisives. Elle est arrivée avec ce sourire tout-à-fait à ma mesure alors je l’ai chaussé moi-aussi. Et nous sommes restées, ainsi, un long moment, avec des kilomètres de bonnes humeurs qui faisaient virguler nos joues.  Sans rien se dire. C’était un début mieux qu’un autre. C’était vachement bien ce silence accompli. J’avais reçu des prescriptions de Madame Yolanda. Je devais l’ouvrir à dose homéopathique et il m’était interdit de poser des questions. J’ai tenté de respecter la posologie au début mais je me suis très vite lassée de me sentir comme grippée avec mes mots en moins. 

À l’époque, j’avais encore le français vaseux propre aux gens de la lagune mais je l’ai pas mal nettoyé depuis ce temps-là. Voilà pourquoi j’arrive à vous parler avec une pensée bien droite dans ses godasses saison automne-hiver.  Pas qu’il me gênait outre mesure, ce langage recyclé qui était devenu mien, mais les oreilles des touristes du Littoral Atlantique se crispent quand les syllabes ne sonnent pas à leur place, quand la conjugaison est hasardeuse et quand les déterminants sont employés n’importe nawak. Alors j’ai fait des efforts pour qu’ils se sentent à l’aise. J’ai maîtrisé correct leur gros français. Mais quand je l’ai rencontrée, j’en étais encore à la base de la base. »

© François Loupien