Emma‐nuelle Espina‐sse

© Jane Doe

Emmanuelle Espinasse est lauréate de l’appel à candidatures “Écriture libre et female gaze 2024” de la Villa Valmont. 

Emmanuelle Espinasse est autrice de bande dessinée, illustratrice et plasticienne. Son goût pour l’expérimentation l’amène à faire se rencontrer différentes pratiques artistiques et champs culturels ; une interrogation critique des frontières qui se poursuit dans les thématiques de ses récits.

En 2014, elle publie Super Pixel Quest, une bande dessinée en ligne aux allures de jeu vidéo. C’est la première d’une série de bandes dessinées numériques, dont You robot (ErcComics, 2019), récit d’anticipation explorant les questions psychologiques, éthiques et politiques posées par l’entrée de « robots sociaux » dans notre quotidien. Par la suite, elle réalise une bande dessinée interactive avec Johanna Schipper, Au Paradigme (auto-édition, 2023). Imaginé lors d’une résidence ALCA au Chalet Mauriac, ce conte onirique aborde l’autoritarisme croissant des États capitalistes et des politiques migratoires.

Seule ou à plusieurs, elle a également une pratique de la bande dessinée en volume. Elle rejoint ainsi le collectif In Wonder, qui s’inspire de Lewis Carroll pour investir l’espace entre bande dessinée et art contemporain, et expose au Frac Aquitaine (2017) et à la CIBDI (2018). Elle s’associe ensuite à Anne-Laure Boyer et Marc Vernier pour une commande publique de la Communauté de Communes du Haut-Béarn : Mémoire en Aspe (2021) prend la forme de 5 œuvres dans l’espace public mêlant dessin et narration pour retracer l’impact des guerres mondiales sur le territoire.

Emmanuelle Espinasse travaillera à la Villa Valmont sur L’Ombre, un album de bande dessinée d’environ 130 pages, dessiné et scénarisé par elle-même. Actuellement en cours d’écriture, il fera l’objet d’une publication aux éditions Casterman en 2025 (date de parution à venir). Il s’agit d’un récit de fiction en one-shot, correspondant aux critères d’une publication pour jeunes adultes, bien qu’il s’adresse à un public large. L’Ombre reprend de nombreux codes du genre médiéval-fantastique. L’action se déroule dans un univers alternatif, Moyen-Âge revisité de manière libre, mais documentée. C’est par les yeux d’Eyrïn, adolescent timoré aux oreilles de chauve-souris, que lea lecteur·ice découvre la société verticale et divisée de la cité où se déroule l’histoire. Écrit comme un récit d’aventure aux accents épiques, le sujet du récit se situe dans la quête identitaire du personnage principal, et dans la dimension éminemment politique des thématiques et des événements mis en scène. Vivant à l’intersection de deux groupes sociaux, une majorité dominée par une puissante Église d’une part, et une minorité stigmatisée d’autre part, Eyrïn cherche à comprendre qui il est dans un environnement marqué par la ségrégation, et à résoudre les conflits et les injustices dont il est témoin. C’est l’irruption d’une grave épidémie qui constitue le point de bascule de l’action, et qui pousse Eyrïn à prendre sa place.

L’identité, entendue au sens social et intime, politique et psychologique, constitue le concept au cœur de cette histoire : ce sont les réflexions politiques de l’autrice et ses engagements antiracistes, transféministes et queer qui l’ont initialement mise à l’écriture.

You Robot, ErcComics, 2019

La Dame à la licorne, collectif, Ed. Futuropolis, 2015